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« Jamais, toujours, parfois »

1 juin 2024
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par Janique Raymond-Migneault

intro

Elle s'appelle Anna. Elle rêve de devenir écrivaine. Elle a des projets plein la tête, pétille à l'idée de découvrir le monde. 

La jeune Anna, fraîchement sortie de l'adolescence, est suivie depuis son enfance par une psychiatre spécialisée dans le traitement des maladies mentales. Après ses premières tentatives de suicide vers l'âge de 8 ans, s’ensuit un palmarès d’évaluations et de tests pour adapter une médication à des symptômes qui ne sont pas aussi apparents qu’une fracture osseuse. Après plusieurs dépressions qui chevauchent des psychoses maniaques, elle réussit enfin à se stabiliser grâce au soutien de son équipe traitante, et celle de la médication. 

Après 10 ans de stabilité, Anna apprend qu'elle devra changer de psychiatre afin de passer de l’offre de services de traitement aux enfants à celle des adultes. C'est alors que commence le début de sa descente aux enfers.

Cette histoire m'a été racontée, par d'excellents comédiens que j'ai eu la chance de voir lors de la pièce de théâtre Jamais, toujours, parfois, présentée au théâtre du Rideau Vert. 

Et à travers cette histoire, ce sont vos histoires qui m'apparaissaient. Les histoires d'impuissance, de cris à la liberté, de tentatives infructueuses pour contrôler la maladie au détriment du besoin d'autonomisation. Cette histoire m'a chamboulée et inspirée sur cet article. 

Être autonome et souffrir d’une maladie mentale

L’une des thématiques bien explorée lors de cette pièce est l’équilibre entre le besoin de développer son autonomie malgré la maladie mentale. Selon le Larousse, l’autonomie est définie par la « capacité de quelqu’un à être autonome, à ne pas être dépendant d’autrui ; caractère de quelque chose qui fonctionne ou évolue indépendamment d’autre choses ».

Autrement dit, c’est la capacité d’une personne à réfléchir aux impacts potentiels de ces décisions, et d’assumer les conséquences de celles-ci. Être autonome demande de subvenir à ses besoins matériels, physiques, sociaux et psychiques, tout en ayant la capacité de se référer au besoin.  

Revenons à l’histoire d’Anna.

Anna a pour rêve de devenir écrivaine, et perçoit la médication comme un frein à son rêve.

Anna souhaite partir étudier dans une université située à 400 km de son domicile, et ressent une pression de la part de sa mère pour qu’elle reste auprès d’elle.

Anna tente désespérément de reprendre sa vie en main, en s’adaptant à sa condition, et perçoit devoir constamment justifier ses allers et ses venues.

En lisant ces quelques lignes, on comprend la complexité de trouver un juste équilibre, et un point permettant de tendre vers l’autonomie en fonction de ses rêves, ses besoins, ses envies, tout en assurant une stabilité qui permettrait bien-être.

Cri du cœur des familles

Nombreuses sont les familles qui, une fois le choc de la maladie passée, se demandent quel impact celle-ci aura sur la vie de leur proche. Ces familles mettent tout en œuvre pour retrouver et instaurer une routine. À ce stade-ci, c’est l’impuissance et le besoin viscéral d’être rassuré qui émerge et qui parle parfois au détriment de la personne atteinte.

Sans le vouloir, mettre trop d’énergie à mettre en place des actions rapides briment l’autonomie de la personne atteinte, et du même coup, nuit à son rétablissement. S’ensuit alors un cercle vicieux. Plus la personne atteinte demeure dépendante de vous, plus vous vous épuisez, et plus l’impuissance ressentie vous amène à chercher désespérément des solutions rapides à une situation complexe.

Plusieurs ont alors peut-être envie de me demander comment faire pour briser le cercle. Comment faire pour susciter l’autonomie, tout en assurant la stabilité physique et psychologique de la personne atteinte ? 

Tendre vers l’autonomie

Être autonome demande du temps, de la patience. Il s’agit d’un processus qui demande d’expérimenter, d’essayer de nouvelles avenues, en sachant qu’il puisse y avoir des risques. Cette façon d’accompagner la personne atteinte d’une maladie mentale l’aidera à développer sa confiance en lui. Et cette confiance est primordiale pour pouvoir cheminer sur le processus de rétablissement. Rappelez-vous un moment de votre vie où vous avez dû apprendre une nouvelle habileté, une nouvelle façon de faire. Peut-être était-ce lorsque vous êtes devenu parent, lorsque les symptômes de la maladie sont apparus. Peut-être est-ce lors d’un nouvel emploi.

Rappelez-vous du sentiment d’incertitude qui vous habitait. Rappelez-vous de vos besoins. Auriez-vous apprécié qu’un collègue ou qu’un quelconque individu fasse la tâche à votre place. Comment auriez-vous perçu sa façon d’être avec vous. Auriez-vous eu envie de continuer…

Ces émotions vécues sont semblables pour votre proche-atteint. Lui aussi a besoin de croire en lui, et pour ce faire, a besoin que les gens qu’il aime croient également en lui.

 

Et moi, dans tout ça ?

Vous vous demandez certainement ce que vous avez à gagner de cette façon d’accompagner votre proche. En misant sur l’autonomie de votre proche, vous misez sur votre répit, votre bien-être. Et le plus important, sur votre liberté. Reprendre le pouvoir sur votre liberté vous aidera vous, chères familles, à reprendre le pouvoir sur votre vie.

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