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La reconstruction identitaire

1 septembre 2024
 - 
par Annik Lefebvre

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Que nous le voulions ou pas, traverser une épreuve nous fait vivre un cheminement. À la suite de la perte d’un être cher, nous parlons du processus de deuil. Dans un contexte de maladie mentale, ce qui suit la rechute est le processus de rétablissement. Les membres de l’entourage d’une personne atteinte ne font pas exception. L’annonce du diagnostic, une rechute ou une hospitalisation créent son lot de bouleversements. Yves Lardon, qui a été notre superviseur clinique et animateur de notre groupe de soutien pendant près de 15 ans, a identifié cette période comme étant un processus de reconstruction identitaire. Nous travaillons depuis des années avec ce concept qu’il nous a enseigné. Pas étonnant que nous ayons adopté ses mots pour vous l’expliquer! Voici donc ce qu’est la reconstruction identitaire, ce qui la provoque, ses 4 grandes phases et ses deux transitions.

Choc, crise, déstabilisation de l’environnement

C’est ce qui enclenche le processus de reconstruction identitaire, par exemple, l’annonce d’un diagnostic de trouble de santé mentale, une rechute ou une hospitalisation, etc. Ce point de rupture crée un déséquilibre et alors, un changement s’impose. De nouvelles ressources sont recherchées afin de retrouver un équilibre et de s’adapter à la nouvelle réalité de notre proche atteint. Cet état provisoire s’apparente à un processus de deuil.

 

Celui-ci implique de devoir faire le deuil de la personne atteinte que nous avons « idéalisée ». Que ce soit notre enfant, notre parent, notre frère, notre sœur, notre conjoint-e ou même notre ami-e. Nous nous projetons dans une relation que nous souhaiterions entretenir avec cette personne. Par exemple, que notre enfant pratique une profession qu’il aime, qu’il soit heureux et protégé de toutes embuches. La réalité ne rejoint pas toujours l’idéal que nous avons espéré pour notre être cher. Ce qui demande d’en faire le deuil, de redéfinir le rôle que nous voulons jouer et notre façon de percevoir notre proche atteint, ainsi que d’accepter cette nouvelle réalité qui nous est imposée.

1re phase : Colère, protestation, défense, refus de la réalité

Le choc nous fait perdre pied, un peu comme dans la publicité où les gens qui reçoivent un diagnostic de cancer basculent de leur chaise. Il nous fait vivre chacun à notre façon toutes sortes d’émotions. L’inconnu fait peur. Nous recherchons un sens, un sentiment de contrôle et de sécurité. Certains nient ce qui se passe, partent en croisade à la recherche d’aide et de solutions, critiquent le système de santé ou encore s’en veulent de ne pas avoir agi différemment. Nous voulons nous retrouver en terrain connu.

1re transition : Boucle de rationalisation

Déstabilisés devant l’inconnu, nous sommes sur la défensive. Nous cherchons à justifier ce qui nous semble insensé par des explications logiques et rationnelles même si elles ne sont pas vérifiées ou fondées. Nous avons besoin de ventiler, qu’on nous écoute. Peu à peu, nous apprivoisons le changement.

2e phase : Acceptation, comprendre et vivre avec

Ici, nous nous rendons compte que la situation ne changera pas, que nous devons apprendre à l’accepter et à nous y adapter. Être mieux informés sur la maladie et mieux outillés permet de mieux comprendre et de faire la part des choses entre ce sur quoi nous pouvons ou pas agir. Accepter cette impuissance permet de rediriger notre énergie sur ce que nous pouvons contrôler plutôt que de la perdre en s’acharnant à changer ce sur quoi nous n’avons aucune emprise.  

2e transition : Boucle du lâcher prise

À cette étape, nous possédons une meilleure compréhension du problème. Nous lâchons prise, notamment sur nos anciennes perceptions. Ce qui implique de reconnaître l’autre dans ses différences, de faire acte de confiance, de faire avec ce sur quoi nous avons de l’emprise dans le présent et d’accepter nos limites. Ici, nous avons besoin de soutien afin d’être accompagnés dans ce changement.

3e phase : Reconstruction

Au cours de cette phase, nous apprenons à comprendre la maladie et à vivre avec. Nous avançons dans l’acceptation. Nous commençons à intégrer graduellement un changement et à en ressentir les bienfaits. Notre cheminement se poursuit. Nous retrouvons un regain d’intérêt, une motivation, ce qui contribue à la reconstruction de notre estime de soi. Nous redéfinissons nos valeurs, nos perceptions, notre rôle, notre façon d’aider l’autre, nos besoins, nos limites, etc. En somme, après nous être effondrés, nous nous reconstruisons.

4e phase : Aboutissement

Puis, nous avons le sentiment de retrouver un équilibre qui pourrait perdurer. Nous comprenons que, pour pouvoir prendre soin de l’autre, nous avons d’abord la responsabilité de prendre soin de nous-mêmes, et ce, sur le plan physique et mental. Nous avons la capacité de définir l’aide que nous pouvons offrir à l’autre et de mettre nos limites sans avoir l’impression de l’abandonner. Nous nous sommes reconstruits et nous affirmons cette nouvelle identité.

Conclusion

En résumé, la reconstruction identitaire est un cheminement non linéaire causé par un point de rupture qui crée un déséquilibre. Ce dernier nous pousse à apprendre à vivre avec une nouvelle réalité et à accepter de ne pas avoir d’emprise sur certaines choses. La reconstruction identitaire s’achève quand nous retrouvons un équilibre entre le respect de nos limites et notre désir d’aider l’autre. Bref, lorsqu’au lieu de dire « Quand il va mal, je vais mal ! », nous sommes capables de dire « Je vais bien, même s’il va mal ! ».

Références

Projet d’élaboration d’un questionnaire par l’ALPABEM, voir les opportunités et incertitudes pour reconstruire ensemble! (VOIRE), rédaction Yves Lardon, conseiller clinique, août 2013

 

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