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La voix intérieure

1 mars 2024
 - 
par Elyde Sanchez Ortega

intro

Au creux de chaque pensée, dans les coins les plus intimes de l'esprit, demeure une voix intérieure. C'est une compagne dite parfois silencieuse ou parfois bruyante. Cette voix accompagne chaque individu à travers les hauts et les bas de la vie.

Les origines

La parole intérieure active les zones cérébrales auditives du cortex temporal qui sont spécialisées dans le traitement de la voix de la même manière que lorsque l’individu entame une conversation avec autrui. Autrement dit, il y a de fortes chances qu’en lisant ce texte vous vous entendiez le lire dans votre tête.

 

Dr Lucile Rapin, chercheuse postdoctorante au département linguistique, affirme que le langage intérieur participe à plusieurs fonctions cognitives telles que le développement du langage chez l’enfant, la pensée, la conscience et la conscience de soi, l’autorégulation, la mémoire de travail, la mémoire autobiographique, la planification de situations futures, la résolution de problème, la lecture et l’écriture. La valeur de cette « petite voix » qui murmure au quotidien est inestimable.

 

À ce jour, plusieurs hypothèses sont posées en lien avec l’origine de la parole intérieure. Certains auteurs exposent que cette voix est développementale. C’est-à-dire qu’à l’enfance, il y a différentes étapes qui permettent d’intérioriser un langage privé. « Plusieurs recherches ont été réalisées sur le sujet, mais il reste encore beaucoup de questions sans réponse », communique Dr Lucile Rapin.

 

L’emploi du dialogue intérieur est déterminé par chaque individu. Seul lui peut prendre la décision de l’utiliser à son avantage ou non. Un choix conscient qui peut être perturbé si des conditions psychologiques et/ou psychiques sont présentes. À ce moment, l’individu perd le contrôle de son monologue interne et peut contribuer à ruminer certains évènements. Notamment, les personnes souffrant de dépression peuvent avoir de la difficulté à empêcher leurs pensées négatives de surgir. Un autre exemple est les personnes souffrant de schizophrénie, qui ont des hallucinations auditives

La petite voix et la schizophrénie

Dr Lucile Rapin a de vastes connaissances sur les hallucinations auditives et verbales dans la schizophrénie, car elle a consacré sa thèse de doctorat. Elle souligne que « la schizophrénie est un désordre de la parole intérieure. Les personnes qui en souffrent sont convaincues que les voix qu’ils entendent ne proviennent pas de leur propre tête. » Les personnes souffrant de schizophrénie ne peuvent pas faire la distinction entre la voix intérieure et la voix extérieure. Le dialogue interne se manifeste avec le même ton, la même hauteur et la forme linguistique que si c’était la voix d’autrui. Ils entendent plusieurs voix, sans être en mesure de reconnaître qu’ils en sont les créateurs.

Guider vs fourvoyer

Cette voix intérieure, teintée des expériences du passé et des projections du futur, se manifeste de différentes manières. Parfois, elle est douce et encourageante, murmurant des mots d'assurance dans les moments de peur et de doute. À d'autres moments, elle peut se faire critique, soulignant les fautes et les insécurités de manière inflexible. De la manière dont la personne utilise la voix intérieure, peut-être déterminante pour son bien-être émotionnel.

 

Certains trouvent dans leurs discours privé un conseiller sage, un guide qui les oriente vers des choix éclairés. Lorsque la confiance est ébranlée, il chuchote des paroles de réconfort, rappelant à la personne sa propre force intérieure. C'est une ressource précieuse, capable d’ouvrir la porte à la résilience et de stimuler la croissance personnelle.

 

Cependant, le monologue intérieur peut également devenir le pire ennemi d’une personne. Le discours portant sur l'autocritique peut se transformer en un fardeau, obscurcissant la vision de soi et en détruisant la confiance. Ces moments où le langage privé devient un saboteur sont délicats et peuvent infliger beaucoup de souffrance. Identifier ces pensées toxiques est crucial, afin d’assurer une autonomie émotionnelle et la liberté de soi-même.

Reprendre le contrôle

La parole privée ne relate pas la réalité, mais votre réalité. Il est important de faire cette nuance qui permet de prendre conscience sur ce que l’individu a du pouvoir.

 

Reprendre le contrôle de la voix intérieure néfaste nécessite une introspection attentive. La première étape consiste à reconnaître le discours intérieur destructeur et toxique. Prenez le temps d'observer ces pensées. Prenez un moment d’arrêt avant de les laisser aller dans le plus profond de vous. Donnez-vous le droit de les questionner. Sont-elles basées sur des faits réels ou sur des perceptions déformées ?  Que ressentez-vous lorsque ces pensées se placent? Quels évènements ont fait surgir ces pensées ? Qui était à vous coté ? Faites-vous face à une nouvelle réalité ?

 

Ensuite, challengez ces pensées. Interrogez-vous sur leur validité sur leur intention et surtout sur leur importance.  Remplacez-les par des affirmations positives, par des affirmations plus objectives. Transformez la voix critique en un allié capable de vous soutenir dans les moments difficiles.

La provenance de la voix intérieure est profondément enracinée dans le tissu de notre vécu. Elle puise dans les expériences passées, les enseignements reçus, et les relations qui ont façonné notre compréhension du monde. En ce sens, détenir le réflexe de remplacer automatiquement un discours nuisible par des affirmations positives prend du temps et de la pratique.

 

Tout évènement offre une occasion unique d'écouter attentivement la voix intérieure. Écouter attentivement cette voix peut guider vers des décisions éclairées. Choisir de passer du temps avec des personnes qui nourrissent positivement cette voix intérieure, qui la renforcent plutôt que de la miner, est un acte d'autonomie et de respect envers soi-même. Cette voix accompagne l’individu jusqu’à la fin de sa vie, prenez le temps de prendre conscience de celle-ci, de la remettre en question et d’apporter des changements pour assurer votre bien-être.

 

Références

  1. Rapin, L. (2011). Hallucinations auditives verbales et trouble du langage intérieur
    dans la schizophrénie: traces physiologiques et bases cérébrales. (Auditory verbal hallucinations and inner speech disorder in schizophrenia: physiological traces and cerebral substrates)

  2. Perrone-Bertolotti, M., Rapin, L., Lachaux, J. P., Baciu, M., & Lœvenbruck, H. (2014). What is that little voice inside my head? Inner speech phenomenology, its role in cognitive performance, and its relation to self-monitoring. Behavioural brain research, 261, 220-239.

  3. https://www.polytechnique-insights.com/wp-content/uploads/2022/11/le-314-1_final-2.pdf p.4 à 9.

  4. https://www.cisssca.com/clients/CISSSCA/CISSS/COVID-19/Personnel_gestionnaires_m%C3%A9decins_%C3%A9tudiants/Documents_outils_affiches_video/Outils_intervenants_sociaux/Ma%C3%AEtriser_son_discours_int%C3%A9rieur.pdf p. 10 à 13.

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