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Le système de santé complice des meurtres de Frédérick Gingras ?

9 décembre 2016
 - 
par Patrice Machabee

Le système de santé complice des meurtres de Frédérick Gingras ?

En plus de devoir jouer au psychiatre, à la travailleuse sociale et à l’infirmière pour son fils pendant de nombreuses années, la maman de Frédérick a certainement vécu beaucoup de détresse et d’impuissance à voir son fils « mourir » sous ses yeux. Aujourd’hui, elle est condamnée à aimer un fils qui a enlevé la vie aux enfants d’autres parents.

 

Le système de santé complice des meurtres de Frédérick Gingras ?

Comme tout le monde au Québec, j’ai été estomaqué d’apprendre cette semaine qu’un fou furieux se promenait dans les rues de Montréal avec un « gun » et que plusieurs victimes étaient décédés de ce « combat imaginaire » entre un individu, Frédérick Gingras, atteint de schizophrénie, et de deux innocentes victimes. Leur crime a elles? Avoir eu la malchance de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment.

 

Comme dirigeant d’un organisme qui offre des services aux familles qui ont un proche atteint de maladie mentale, j’ai été rempli de tristesse d’entendre la mère du jeune homme répéter ce que nos familles nous disent régulièrement : « J’ai demandé de l’aide et personne n’a répondu à mon appel de détresse ».

C’est toujours la même histoire

Des personnes atteintes de maladie mentale qui refusent de recevoir de l’aide

 

Peu importe les arguments des organismes de défense des droits, figés à l’époque d’Alys Robi, Frédérick n’était pas libre. Il était pris au piège par sa maladie, envahi par sa détresse et incapable de prendre une décision éclairée. Accepter qu’une personne en délire psychotique refuse de recevoir un traitement est aussi absurde que d’accepter la mort d’une maman parce qu’elle a refusé de recevoir une transfusion sanguine pour un motif religieux. Est-ce que Frédérick sera libre maintenant ? derrière les barreaux d’une institution ? Est-ce qu’il sera libre lorsqu’il réalisera l’atrocité de son crime 

 

Des professionnels de la santé qui s’abritent derrière le sceau de la « sacro-sainte » confidentialité

 

Un exemple classique

Le psychiatre : « Madame, même si votre fils habite chez vous, que vous subissez des dommages psychologiques, physiques et monétaires, nous ne pouvons pas briser la confidentialité du dossier avec notre patient, car ça pourrait briser notre ‘‘lien thérapeutique’’ ».

 

Qu’elle serait votre réaction si, comme parent, on vous disait que votre enfant a le cancer, mais qu’on ne peut pas vous dire lequel ni le traitement dont il a besoin pour guérir ni ce que vous pouvez faire pour que votre enfant ait mieux ? En santé mentale, c’est exactement comme ça que ça se passe.

 

La loi P-38, qui a presque 15 ans, laisse beaucoup de place à l’interprétation pour ceux qui peuvent l’appliquer.

 

Le policier : « Madame, est-ce que votre fils est délirant ? Vous menace-t-il ? Ok, mais avez-vous un couteau sur la gorge ? Pensez-vous que votre fils va prendre un couteau cette nuit pour vous le mettre sur la gorge ? »

 

La dame : « Eh bien, écoutez. Il n’a pas de couteau dans les mains en ce moment, mais je connais mon fils et il ne va vraiment pas bien. Je sais que ça va dégénérer. »

 

Le policier : « Hum hum, je comprends Madame, mais rappelez-nous cette nuit quand vous aurez le couteau sur la gorge. Je ne peux rien faire en ce moment. »

 

Peut-être que l'expression « Je suis la spécialiste de mon enfant » devrait avoir un écho plus fort dans ce genre de situation que lorsqu'un parent un peu zélé rabroue l'enseignant de ce dernier.

 

À chaque année, nous avons droit à quatre ou cinq situations de la sorte. C'est systématique. La différence, dans le cas de Frédérick Gingras, c’est que la victime n’est pas sa mère, mais d’innocentes victimes. Je rassure le lecteur, les probabilités de vous faire attaquer par une personne atteinte de schizophrénie sont en deçà de celles de vous faire frapper par la foudre. Dans la très grande majorité des cas, ce sont les membres de la famille qui sont les innocentes victimes de ce type d'agression.

 

Serait-il possible d’asseoir les vrais coupables à la barre des accusés ?

Tout le monde le sait, au Québec, un citoyen est obligé de porter assistance à une personne en danger (loi du bon Samaritain). L’esprit de la loi est, en mon sens, assez simple à comprendre : à partir du moment où tu es au courant qu’une personne est en danger, et que tu es en mesure d’agir, tu as l’obligation de venir en aide à cette personne.

 

Prenons par exemple une métaphore bien ancrée dans notre culture. La semaine dernière, la ligue nationale de hockey (LNH) a pris la décision impopulaire de retirer du jeu l’attaquant vedette des Oilers d’Edmonton, Connor McDavid. Suite à un coup à la tête, la ligue a évalué qu’il y avait un risque de commotion cérébrale. Le joueur en question était furieux, l’enjeu du match était important, il allait y avoir un avantage numérique et la jeune sensation évaluait qu’il n’avait pas subi de commotion. La ligue a tout de même maintenu sa position et McDavid n'a pu retourner sur la glace. Elle a jugé que le joueur n’avait pas le recul et le jugement nécessaire pour décider s’il avait une blessure ou non.

 

La LNH de la santé, c’est le MSSS et son commissaire, le ministre Gaétan Barrette, qui, selon « nos sources », jouit d'une popularité aussi évidente que celle de Gary Bettman.

 

Le ministre Barrette est très au fait des problèmes mentionnés plus haut (la loi P-38, les professionnels qui se protègent et le discours des organismes de droits qui sont financés par la LNH de la santé). Ça fait un peu plus de 30 ans que mon organisation et d’autres associations de familles dénoncent cette situation. Le ministre Barrette n’a pas respecté l’esprit de la loi du bon Samaritain. Monsieur "le commissaire", à l'instar de ses prédécesseurs, n’a rien fait quoiqu’il ait été au courant du danger immédiat vécu par ces familles, tout en ayant la capacité d’agir pour leur venir en aide.

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