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Les biais cognitifs : sont-ils nuisibles ou utiles?

1 mars 2024
 - 
par Marie-Joëlle Marcil

intro

Le cerveau a une capacité épatante à traiter les informations de son environnement. Le cerveau est connu pour utiliser la pensée rationnelle et logique pour traiter l’information de l’environnement. Pourtant, le traitement de l’information débute bien avant que l’on en prenne conscience. En plus, il peut être influencé par différents facteurs, comme l’attention qu’on accorde à certaines choses plutôt que d’autres, aux informations disponibles dans notre mémoire, à nos croyances, entre autres. C’est dans ces terreaux que peuvent être enracinés différents biais cognitifs, qui rivalisent au raisonnement rationnel.

Qu’est-ce qu’un biais cognitif?

Le cerveau est envahi d’informations. Il peut donc avoir recours à des biais cognitifs pour faire face à ce trop-plein d’informations. On peut voir le cerveau comme une machine qui cherche à optimiser son processus en cherchant à économiser ses efforts cognitifs pour arriver à une prise de décision rapide. C’est pourquoi il peut avoir recours à des raccourcis mentaux, avoir recours à des règles approximatives ou ignorer une partie de l’information. C’est ce qu’on appelle des heuristiques. Il peut donc avoir tendance à privilégier un traitement de l’information de la façon la plus simple, intuitive et rapide, par exemple en se basant sur des automatismes mentaux.

Les biais cognitifs sont des erreurs systématiques et prévisibles de raisonnement, de jugement ou de perception qui s’écartent de la pensée rationnelle. Ils relèvent d’un mécanisme de pensée automatique et souvent inconscient. Ils peuvent avoir pour effet de déformer notre perception, altérer notre jugement et influencer notre interprétation de l’information. Néanmoins, le cerveau a recours à des biais cognitifs pour répondre à différents besoins.

Voici quelques exemples de biais cognitifs :

  • Prophétie autoréalisatrice : Nos croyances et nos attentes peuvent influencer nos comportements. Ainsi, notre croyance finir par se transformer en réalité. Par exemple, si les proches d’une personne atteinte d’une maladie mentale croient qu’il ne peut pas surmonter les défis liés à la santé mentale, leurs actions peuvent involontairement contribuer à entraver le processus de rétablissement (ex. surprotection).

  • Biais de négativité : Une tendance à accorder plus de poids aux informations négatives qu'aux positives. Dans le contexte de la santé mentale, cela pourrait conduire à une focalisation excessive sur les revers plutôt que de reconnaître les progrès réalisés.

  • Erreur d’attribution fondamentale : tendance à attribuer les actions d’une personne à ses caractéristiques personnelles en minimisant l’influence du contexte. Par exemple, une personne pourrait attribuer les problèmes de consommation de drogues d’une autre personne par des failles personnelles, sans prendre en compte le contexte. En s’attardant au contexte, on pourrait comprendre que la personne à développer une dépendance avec des traitements antidouleurs par exemple.

 

Les besoins derrière les biais cognitifs

Les biais cognitifs permettent de répondre à différents besoins, dont les besoins de fermeture cognitive, d’estime de soi, d’appartenance sociale, de sécurité et de consonance cognitive.

Besoin de fermeture cognitive

L’incertitude et l’ambiguïté sont inconfortables à vivre, et le cerveau est doué pour réduire cet inconfort. En effet, parce que l'incertitude suscite un état désagréable, nous recherchons à parvenir à une fermeture cognitive pour réduire notre niveau de stress.

Le besoin de fermeture cognitive renvoie au désir d’aboutir rapidement à une conclusion, une réponse ou une solution claire afin de réduire l’incertitude, l’ambiguïté ou la confusion, même si cette réponse est incomplète ou incorrecte. Cela peut entraîner des biais cognitifs, comme le biais de confirmation (tendance inconsciente à favoriser les informations qui confirment nos pensées et nos croyances), qui peuvent conduire à des conclusions erronées et sursimplifiées. En revanche, la fermeture cognitive peut également nous aider à agir rapidement, de sorte que nous puissions enchaîner avec la prochaine tâche ou le prochain problème plus rapidement, en évitant d'y réfléchir excessivement et d’être dans le doute perpétuel.

La fermeture cognitive est donc un outil pour la prise de décision, car elle peut nous aider à prendre des décisions rapidement et efficacement. Cependant, il est important de se rappeler que la fermeture cognitive peut également conduire à des biais cognitifs.

Besoin de consonance cognitive

L’intégration de nouvelles informations à nos connaissances et croyances est une tâche demandante pour le cerveau. Lorsque nous intégrons de nouvelles informations, il est possible qu’elles ne soient pas cohérentes avec les informations que nous possédions. Cette contradiction nous amène à ressentir un état de tension. C’est ce qu’on appelle la dissonance cognitive. Puisque cet état induit une tension inconfortable, qui peut générer du stress et de l’anxiété, nous pouvons avoir recourt à des biais cognitifs pour diminuer l’incohérence et ainsi répondre à notre besoin de consonnance cognitive. La consonnance cognitive est un état psychologique positif où nos pensées, nos actions et nos croyances sont en cohérence et en harmonie.

Besoin d’estime de soi

Le besoin d’estime de soi réfère à la quête de performance, de respect, de confiance, de reconnaissance, et d’appréciation auprès des autres afin de nourrir son estime personnelle. Ainsi, l’individu aura une évaluation favorable envers-lui-même.

Les biais cognitifs peuvent agir comme une protection pour maintenir une image positive de soi. Par exemple, le biais de confirmation peut conduire à la recherche sélective d'informations qui renforcent notre vision positive de nous-mêmes.

Besoin d’appartenance sociale

Le besoin d’appartenance sociale réfère au besoin d’être en relation avec les autres et d’appartenir à un groupe social, en s’y s’entend accepté et reconnu.

Les biais cognitifs peuvent également servir à renforcer notre connexion sociale en favorisant la cohérence avec les croyances de notre groupe. En effet, la recherche de consonance cognitive peut être motivée par le désir de rester en accord avec les normes et les valeurs partagées par notre communauté.

Besoin de sécurité

Le besoin de sécurité englobe la sécurité physique (l’intégrité physique) et morale (ex : environnement stable et prévisible).

Face à l'incertitude, les biais cognitifs offrent un sentiment de sécurité en simplifiant la complexité du monde. Par exemple, le biais de normalité peut amener à considérer les comportements familiers comme étant plus sécurisants, même s'ils ne sont pas toujours les plus adaptés.

conclusion

En conclusion, les biais cognitifs sont le fruit d’un jeu complexe entre les systèmes de traitement de l'information du cerveau. Ces biais façonnent notre perception du monde et influencent nos décisions. Ils permettre de répondre à certains besoins, mais peuvent également avoir des conséquences négatives. Reconnaître leur existence est le premier pas pour atténuer leur impact sur nos choix. En comprenant mieux comment les différentes influences peuvent se mettre en jeu sur nos pensées, nous sommes mieux équipés pour reconnaitre nos biais cognitifs, oser se questionner sur nos pensées et ainsi prendre des décisions plus informées.

 

Pour en connaitre plus sur les différents biais cognitifs, je vous invite à consulter cet encyclopédie Web :  https://www.shortcogs.com/

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