intro
Dans le précédent numéro, nous avons vu les conséquences de l’alcoolisme parental sur les enfants. Dans cette deuxième partie, nous aborderons les traces qu’a laissé l’alcoolisme parental, chez ces enfants devenus grands :
Ils ne savent pas ce que c’est qu’être normal. Leur normalité fut faite d’instabilité, de peur et parfois d’abus. Leur norme fut de s’occuper de leurs parents, leur fratrie, de s’occuper des repas et rarement d’eux-mêmes. Ils ont conclu que normal signifie être parfait.
Ils ont peur. Peur de l’avenir, de l’inconnu, peur pour leurs enfants, peur d’être parent. Ils ont tendance à douter de ce qu’ils font, à materner ou paterner de façon excessive, de peur de ne pas en faire assez pour leurs enfants.
Ils se sentent coupables, de tout. Ils n’arrivent pas à prendre soin d’eux et s’ils le font, ils se sentent coupables. Leur vie est faite de je te donne tout et ne reçois rien en échange. Ils ont appris à négliger leurs propres besoins.
Ils cherchent à tout contrôler (à la maison, au travail, au niveau relationnel) pour palier à la peur, pour s’offrir une stabilité. Ils peuvent développer une pensée rigide et provoquer le chaos dans leurs relations interpersonnelles.
Comme ils sont perfectionnistes, ils sont critiques envers eux-mêmes. Ils se blâment facilement et se sentent attaqués par la critique d’autrui. Cela cache une peur, celle du rejet. Ils ont terriblement manqué d’amour et en ont besoin.
Ils se sentent à l’aise dans les situations de stress, de chaos et d’agitation, pas parce qu’elles sont saines, mais parce ce qu’elles leur paraissent normales.
Ils prennent la responsabilité de tout, surtout s’ils ont dû prendre la responsabilité du parent inapte pendant leur jeunesse. Ils se sentent responsables des émotions et des besoins des autres. Ils auront tendance à se blâmer car il leur est plus facile de s’occuper d’autrui que d’eux-mêmes.
Ils recherchent la reconnaissance puisqu’ils ne l’ont pas reçue enfant. Leur estime de soi est faible n’ayant pas reçu l’amour et l’éducation dont ils avaient besoin. Ce besoin de reconnaissance sera recherché dans toutes les relations et se traduira par un comportement de dévouement total, au détriment de soi.
Donc ils visent la perfection mais ne peuvent l’atteindre car ils ont peur. Ils cherchent aussi à tout contrôler, pour se rassurer. De plus, ils ont terriblement besoin d’attention parce qu’ils ont grandi en croyant qu’ils ne valaient rien. De ce fait, la gestion de leurs émotions est difficile. Il leur arrivera d’être fragiles, énervés, terrorisés, de se sentir seuls ou d’être étouffants. Et peut-être tout ça à la fois. Mais ils ne le font pas exprès et peut-être ne s’en doutent-ils même pas.