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S’autodiagnostiquer C’EST UN DÉBUT, MAIS...

1 juin 2025
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par Éliza Miron,

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S’auto-diagnostiquer, c’est le fait de poser un diagnostic à soi-même, sans consultation ou examen clinique. Tout simplement parce qu’on se reconnait dans les symptômes ou dans les descriptions des comportements. L’information peut être trouvée sur l’internet, dans différents sites web médicaux, mais aussi sur les réseaux sociaux sous forme d’infographique ou de courts vidéos. On retrouve aussi des milliers de quiz en ligne réclamant pouvoir confirmer un doute diagnostic. D’ailleurs, pour la rédaction de cet article, j’en ai complété quelques-uns. Je ne pense pas que j’ai besoin de vous confirmer que ce n’est pas représentatif de ma santé mentale. Bien sûr, ces quiz peuvent être utiles ; ils peuvent mener une personne à chercher de l’aide, à détecter un besoin, ou à réfléchir sur leur situation mentale.

Processus d’un diagnostic

En effet, les professionnels en santé mentale utilisent des questionnaires afin d’avoir une vue globale de la situation d’une personne. Ce n’est pas le résultat d’un questionnaire qui confirmera un problème de santé mentale. En revanche, ils servent d’outil préalables, en tandem avec des entretiens individuels, afin de trouver le bon médecin et le meilleur traitement. Une maladie mentale a des critères diagnostiques, et c’est nécessaire d’en avoir un certain nombre, dépendamment de la maladie, pour être éligible pour un diagnostic psychiatrique. Un problème commun est le chevauchement de symptômes dans plusieurs troubles et maladies. Les professionnels en santé mentale débattent la catégorisation des maladies mentales à ce jour. Le moyen le plus efficace de démontrer ces difficultés de catégorisation est d’analyser l’évolution du DSM, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Depuis sa première édition en 1952, les catégories changent, se déplacent, se séparent, se rejoignent, apparaissent, disparaissent, et reviennent. Le DSM-I contenait 108 catégories, tandis que le DSM-IV en contenait 297. Le plus récent, le DSM-V, en détient 157, un changement de 140 catégories diagnostiques de 1994 à 2013 ! Donc, si même un professionnel de la santé éprouve des défis diagnostiques, il est encore plus difficile pour une personne atteinte d’y arriver seule. Il arrive même qu’une personne se pointe à un rendez-vous psychologique et de déclarer qu’elle a telle ou telle maladie. Cela peut être un obstacle au diagnostic si le patient éprouve un déni face au réel problème et est convaincu d’être affecté par un autre.

Le rôle des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux permettent aux gens de rester en contact avec le monde, de s’ouvrir aux autres, et d’apprendre davantage sur n’importe quel sujet. Partager leurs vies peut permettre aux jeunes de développer une communauté et de se faire des amis. La sensibilisation de la santé mentale est un effet très positif. Par exemple, un jeune qui explique ses symptômes, ou qui réfute de la désinformation par rapport à sa maladie est une bonne chose. Cela peut permettre à d’autres jeunes souffrant de la même maladie de créer des liens et leur apporte un réconfort. Ces bouchées d’informations sont facilement digestibles mais non-détaillées. Nous pouvons perdre toute la nuance d’un diagnostic et ça crée une perspective trop simpliste des problèmes mentaux. De plus, les algorithmes des réseaux sociaux, personnalisés pour l’utilisateur, favorisent la perpétuation de ces publications; donc la personne continuera de voir des posts sur une problématique, ce qui peut renforcer l’idée d’en être affecté. Cela peut aussi amener la personne à étiqueter son entourage, souvent incorrectement.

Les effets sur les jeunes

Ce n’est pas surprenant que, dans un système médical de plus en plus difficile d’accès, les adolescents s’auto-diagnostiquent. Pour certains, ça peut être le seul recourt pour de faire face à ce qu’ils vivent. Selon une étude de 2024, beaucoup de jeunes interprètent l’auto-diagnostique comme phase transitoire avant d’avoir une confirmation clinique. De plus, il y a plusieurs jeunes qui posent des jugements moraux sur ceux qui s’auto-diagnostiquent. Ils remarquent que les publications sur les réseaux sociaux rendent floues les limites entre des fluctuations de l’humeur normales et une maladie mentale. Tout cela est encore plus brouillé par la puberté dans nos ados. Beaucoup pensent que ceux qui s’auto-diagnostiquent font semblant ou mentent afin de recevoir de l’attention ou des followers sur la plateforme. Dans la même étude, ils ont découvert que ceux qui détiennent un diagnostic confirmé ont une perception négative de l’auto-diagnostique, ayant une impression que ça amoindri leur diagnostic. La surinformation des problèmes mentaux peut donner l’impression que c’est commun, que c’est partout, et qu’on exagère. Une conséquence de cette sursaturation est qu’on a maintenant tendance à douter la personne la personne qui s’auto-diagnose. En effet ce n’est pas tous les auto-diagnostiques qui sont nécessairement erronés; beaucoup ressortent de réels symptômes et doutes. Assumer qu’un jeune qui s’autodiagnostique se trompe, ou même ment, peut faire en sorte que ce jeune n’aille pas chercher de l’aide et que leur état s’empire. Au final, en décortiquant leurs pensées et leurs questionnements avec un professionnel de santé mentale, on découvre le diagnostic, s’il y a lieu, et le chemin vers le bien-être du jeune.

Conclusion

En conclusion, les quiz en ligne, les publications sur les réseaux sociaux, et l’information générales des problématiques de santé mentale sont des outils d’apprentissage et de soutien. Ces moyens sont répandus et facilement retrouvables, mais aussi mal-compris. L’obtention d’un diagnostic n’est pas simple et prend du temps. Le fait que la population est plus éduquée sur la santé mentale est une bonne chose, on ne se le cachera pas. Il est important de consulter un professionnel de santé mentale si vous ou votre jeune vivez des symptômes d’une problématique de santé mentale. Les jeunes qui s’autodiagnostiquent ont besoin de support, d’aide, et sont réconfortés par le fait qu’ils ne sont pas seuls dans leur vécu. C’est très facile de se reconnaitre dans une liste de symptômes, ou d’en associer à nos proches. Le message à garder en tête est d’absorber cette information avec attention, et de ne pas craindre de demander de l’aide.

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