Trouble de la personnalité à l’adolescence

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Le 4 octobre dernier, l’ALPABEM avait le privilège de recevoir dans ses bureaux Caroline Lafond, travailleuse sociale et coauteure du livre « Vivre avec un proche impulsif, intense, instable ». Sa conférence porte sur le trouble de la personnalité limite (TPL) à l’adolescence. Si vous n’avez pas eu la chance d’entendre cette professionnelle, je vous invite à faire un tour sur notre site puisque celle-ci a été captée et est actuellement disponible !

Comment se forge la personnalité de l’ado

Le développement de la personnalité se construit dès la naissance, et ce, jusqu’au début de l’âge adulte. Elle se forge par l’interaction entre le tempérament de l’enfant, son milieu familial, ses expériences de vie et par l’influence induite par la société. Chaque moment de vie qui est vécu par l’enfant en fera une interprétation, une réaction, et cette réaction amènera une réponse de l’environnement ce qui forge sa personnalité. Il y a donc un beau mélange entre ce qui est héréditaire et ce qui provient des réponses de l’environnement.

Diagnostiquer le TPL à l’adolescence

Le diagnostic d’un trouble de la personnalité limite, comme tout autre diagnostic en santé mentale, doit se faire à la suite d’une évaluation complète. Diagnostiquer n’est pas un acte à prendre à la légère. Cet acte est encadré par la loi. Pour cette raison, seul un médecin, un psychiatre ou un psychologue est autorisé à poser un diagnostic en santé mentale. Pour un individu de moins de 18 ans, ce sera généralement un pédopsychiatre qui pourra poser le diagnostic.

Il est possible de poser un diagnostic de trouble de la personnalité limite pour un adolescent. La façon de l’évaluer ressemble à la façon d’évaluer un adulte. Certains symptômes d’un trouble de la personnalité limite peuvent ressembler à des étapes développementales normales et attendues pour un adolescent. Par exemple, un ado de 14 ans peut vivre avec une intensité au niveau de ses émotions. Comme son cerveau n’est pas encore complètement développé, plusieurs stratégies restent à acquérir afin de réguler ses émotions. Il est donc attendu d’accompagner l’adolescent dans cet apprentissage. C’est la raison pour laquelle plusieurs professionnels préfèrent parler de traits TPL plutôt que d’un trouble de la personnalité limite.

Avoir un comportement qui ressemble à un TPL n’est donc pas suffisant pour penser à un diagnostic. C’est la présence d’un ensemble de comportements, pendant une certaine durée de temps, et sans qu’il y ait d’amélioration, ou pire, qu’il y ait une dégradation vécue par le jeune, qui peut faire la différence.

Accompagner un ado souffrant d’un TPL

Même si votre jeune n’a pas reçu un diagnostic, l’intensité de ses crises peut vous donner du fil à retordre. Chaque jeune qui compose avec des traits qui s’apparentent au TPL n’aura pas le même profil. Comme Caroline Lafond l’a si bien expliqué, un jeune pourrait avoir des comportements qui cadrent dans une couleur rouge. L’intensité du rouge changera d’une personne à l’autre. Peut-être que Mathieu[1] aura un rouge pâle, tandis que Jérémie aura un rouge très vif. Le rouge sera toujours présent chez Mathieu ou chez Jérémie. Avec le temps, plusieurs stratégies d’accompagnement peuvent aider à diminuer l’intensité de la couleur.  

[1] Les noms choisis (Mathieu et Jérémie) sont purement fictifs. 

Désamorcer l’escalade émotionnelle

Désamorcer une crise signifie d’éteindre la bombe avant que celle-ci n’explose. Des signes précurseurs sont généralement présents avant l’explosion. Il est utile d’apprendre à reconnaître ces signes afin de vous aider à intervenir dans une intention de prévention. Valider les émotions de votre jeune, même si ceux-ci vous semblent déraisonnables, est la stratégie à préconiser. Attention : valider l’émotion ne signifie pas de valider le comportement. L’idée vise à reconnaître que pour votre jeune, son expérience émotive est valide. En validant son émotion, il risque de se sentir plus écouté. Avec le temps, il augmentera sa collaboration à travailler et à modifier les comportements qui eux, peuvent demeurer répréhensibles.  

Voici quelques conseils pour vous aider à rester dans une intervention qui est validant :

• Gérer soi-même son émotion avant d’intervenir auprès du jeune. Cela demande un arrêt dans la discussion afin de vous retirer et laisser la poussière retomber ;

• Refléter en vos mots ce que vous comprenez et voyez. N’hésitez pas à partager votre interprétation afin de la vérifier ;

• Faire preuve de curiosité en vous intéressant au vécu de votre jeune. Au besoin, n’hésitez pas à faire valider vos interprétations de la situation ;

• Préciser l’intention derrière vos questions. Cela aide à diminuer la méfiance qui pourrait être vécue par votre jeune. Cela l’aidera à se sentir plus en sécurité dans l’échange ;

• Ne pas porter de jugements sur les motifs de l’émotion. Il est primordial de se mettre dans une position qui permet de voir son point de vue ;

• Normaliser l’émotion, sans normaliser le comportement.

Et si je suis dépassé ?

N’hésitez jamais à demander de l’aide pour être accompagné dans votre rôle de proche aidant. L’ALPABEM peut vous offrir de l’aide en individuel si votre jeune est âgé d’au moins 14 ans et qu’il vit avec une détresse psychologique. Depuis avril 2023, des groupes de discussion thématiques sont aussi offerts aux parents, ce qui leur permet de se rencontrer et d’échanger sur les thématiques qui les interpellent !