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Vivre avec un conjoint dépressif

29 mars 2013
 - 
par Marie-Ève Drolet

Vivre avec un conjoint dépressif

À travers les différentes étapes de la vie, à travers les années, les chagrins, les épreuves et les défis, le couple évolue, se module et se façonne. Relation privilégiée entre deux êtres, le couple vit normalement des remises en questions, demande qu' on soigne les blessures et qu'on règle les conflits.

Vivre en couple implique nécessairement des discussions, parfois quelques prises de becs, mais le fait de vivre en couple et de partager notre intimité avec une personne qui nous est chère nous assure une stabilité et un amour qui, dans les mauvais jours, nous tient au chaud.

 

Amour et maladie mentale

Quand la maladie mentale touche un des conjoints, cette chaleur et cet amour qu'on désire pour toujours sont nécessairement ébranlés. La dépression se caractérise par une perte d'intérêt face aux activités, aux sujets et aux gens qui nous intéressaient pourtant avant. Ce n'est pas cette déprime passagère qui passe après quelques jours, des sorties, des gâteries ou des discussions franches. La dépression dure dans le temps, dans l'intensité et amène les personnes atteintes à se comporter d'une façon différente qu'à l'habitude.

Comment savoir si mon conjoint souffre de dépression ?

Sans vouloir faire la description exhaustive des symptômes qu'entrainent les troubles dépressifs, il faut se rappeler que la dépression entraine des troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie), des troubles de l'appétit et aussi des changements au niveau de la sexualité. La dépression peut s'accompagner de lourds sentiments de culpabilité et de honte et par une vision pessimiste de la vie. Tristesseirritabilité, peur et angoisse s'entremêlent chez la personne atteinte. Les personnes atteintes de dépression pleurent plus souvent, ont du mal à se mettre en actionmanquent d'énergie et sont souvent épuisées. Il arrive également que la dépression s'accompagne de délires ou de crises de panique. De plus, certaines idées de mort ou idées suicidaires traversent l'esprit de la personne atteinte d'une façon plus ou moins envahissante selon les personnes et les situations.

Le changement de comportement

Comme la dépression entraîne une grande tristesse chez la personne qui en souffre et que celle-ci ressent une baisse d'énergie, de motivation et d'intérêt, c'est toute la vie de la famille ou du couple qui s'en ressent. La personne atteinte peut vivre une baisse d'intérêt pour son travail, ses enfants, ses amis et sa relation de couple. Les activités qui avant l'intéressaient ne lui disent plus rien ou lui paraissent mornes. Le tout ayant pour effet que le conjoint qui va bien peut se sentir abandonné ou rejeté. Le conjoint d'une personne dépressive peut avoir l'impression d'être moins intéressant ou moins désirable aux yeux de la personne qu'il aime et il peut vivre de la colère ou de la crainte face à ces changements dont il ne saisit pas tout de suite l'origine.

Tensions économiques et sociales dans le couple

Comme le conjoint touché par un trouble dépressif peut avoir du mal à se mettre en action et être très fatigué, il peut s'en suivre des charges parentales, économiques et sociales plus grandes pour l'autre. On peut aisément imaginer que quand la dépression n'est pas diagnostiquée ou soignée ou quand on ne comprend pas l'origine de tous ces changements, cela peut créer des tensions dans le couple et une distance entre les conjoints.

Vivre des échecs au quotidien

Il faut aussi savoir que le conjoint atteint, bien qu'il soit souvent conscient de ces charges supplémentaires dévolues à l'autre, n'a pas l'énergie nécessaire pour renverser la situation tout de suite et qu'il peut vivre énormément de culpabilité et un lourd sentiment d'échec face à l'autre qui rame et tient le bateau à flot tout seul. Le conjoint dépressif, déjà envahi par un lourd sentiment de culpabilité, peut vivre sa situation comme un échec ou un signe de faiblesse et cela peut être difficile à vivre pour la personne atteinte et à supporter par le conjoint qui va bien.

La dépression a également un impact sur la vie sociale et les habitudes de vie du couple. Peuvent s'en suivre de l'isolement, une diminution des sorties et activités et de l'incompréhension de la part des amis et de l'entourage familial.

Aimer coûte combien ?

Même si on aime notre conjoint, quand la maladie frappe, on peut vivre de la colère, de l'impuissance ou même de l'incompréhension face aux symptômes qui viennent nécessairement teinter notre vie. Pour bien accompagner notre conjoint dans ce moment difficile, il faut bien comprendre la maladie, s'informer et trouver du soutien auprès d'amis et de professionnels.

Avoir un conjoint en dépression demande de garder espoir et de transmettre cet espoir à l'autre. Accompagner notre conjoint à travers la dépression demande de garder espoir et de transmettre cet espoir à l'autre. Cela demande au conjoint qui va bien de la patience, de la flexibilité et de la douceur. Rien ne sert de trop pousser le conjoint dépressif, il faut savoir y aller doucement et suivre le rythme de notre conjoint dépressif car il n'est pas paresseux mais malade.

La dépression change certes le quotidien mais ne rend pas le conjoint atteint totalement incapable non plus. Il faut se rappeler que personne ne sort gagnant de tout abandonner pour soigner l'autre car les conjoints ne sont pas médecins ou thérapeutes. Il vaut mieux pour tous d'éviter de verser dans la prise en charge et tout prendre sur ses épaules comme conjoint qui va bien sans impliquer l'autre. Le conjoint atteint pourra s'impliquer à son rythme, selon ses capacités et énergies, mais gagnera à participer à sa façon à la vie quotidienne, comme il sortira gagnant de cette confiance en ces capacités que vous lui démontrerez en le prenant comme il est.

Allez chercher de l'aide

On peut essayer, malgré la maladie, de maintenir une rythme de vie le plus habituel possible et voir à réaménager certains aspects de la vie à deux ou en famille, le temps que la dépression soit soignée. Mais le conjoint qui va bien ne doit pas nier ou cacher ce que la maladie lui fait vivre et il faut trouver du support et de l'appui. Il ne faut pas garder ses émotions et ses questions pour soi, il faut en parler le plus ouvertement possible, avec son conjoint aussi, en parlant toujours au ''je'' et en tentant de comprendre l'autre tout en ne s'oubliant pas. Le dialogue doit être ouvert mais pas forcé. Et comme conjoint, il faut accepter que l'être aimé ait des secrets qu'il ne révélera qu'à son thérapeute, et que cela ne nous enlève rien.

Comme conjoint, il est bien de prendre soin de soi et des autres personnes qu'on aime. Le conjoint sain en a non seulement besoin, mais il en a le droit. Tentez de poursuivre au moins quelques unes de vos activités favorites, même si la charge de responsabilités à la maison se fait plus lourde. Il peut être bon aussi de trouver une activité à partager avec le conjoint atteint et qui vous permet de passer de beaux moments de couple malgré la maladie.

Accompagner la personne aimée vers la rémission de la dépression et le retour de jours meilleurs est possible. Rester positif et solidaire et croire que cette étape permettra en bout de ligne de réajuster le tir et de mieux gérer les émotions au quotidien est tout à fait possible. La dépression se traite bien, la pharmacothérapie et la psychothérapie conjuguées donnent d'excellents résultats. Voilà donc une bonne raison de ne pas perdre espoi

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